Fiche de lecture de Michel Paquet sur :
LE PRINCIPE ANTHROPIQUE, Notre existence peut-elle déterminer les lois du cosmos? – Eduardo Arroyo
Éditions : Le Monde, « Voyages dans le Cosmos » proposés par Hubert Reeves
Imprimé en Espagne en juin 2017 et édité par RBA France
Contenu :
Au cours de ces dernières décennies, les progrès de la physique ont conduit à une découverte troublante:
Notre Univers aurait pu être très différent.
De fait, de tous les supposés univers possibles, le notre est l’un des rares à permettre l’apparition d’observateurs intelligents.
Pourquoi avons – nous eu une telle chance ?
Selon le principe anthropique, il ne s’agit pas d’une coïncidence :
Notre existence détermine les lois que nous observons par le simple fait qu’un univers
sans observateur ne contient personne qui s’interroge sur lui.
Ce livre comporte 6 chapitres pour 171 pages introduction et index compris .
Chapitre 1 – Un univers conçu pour la vie.
Chapitre 2 – L’argument anthropique .
Chapitre 3 – Univers multiples et principe anthropique .
Chapitre 4 – Notre univers est-il réel ?
Chapitre 5 – Conséquences du raisonnement anthropique .
Chapitre 6 – Le principe anthropique est-il valide ?
L’avis du lecteur :
Dans la collection où il s’inscrit, (collection scientifique dans le domaine de l’astronomie sur l’état de nos connaissances du cosmos), ce livre est désarmant pour plusieurs raisons :
- D’une part c’est un document qui s’inscrit dans une collection scientifique ciblée, donc dans un ensemble pédagogique continu. Or nous trouvons dans ce texte tout un tas de “redites” qui ont déjà été traitées dans les précédents livres. Il est d’une facilité déconcertante face aux publications précédentes comme le “Boson de Higgs ou la théorie des cordes entre autres.
- Et d’autre part le thème proprement parlé. Ce thème traité est pour moi plutôt du
domaine de la métaphysique pure. Preuve ?
Le principe anthropique partage la communauté scientifique et est l’objet d’âpres discussions chez certains grands maîtres astrophysiciens.
Dans le titre de l’ouvrage il y a déjà, pour moi (!!), quelque chose qui ne passe pas bien. Au lieu de vouloir traiter si notre existence peut déterminer les lois du cosmos il serait déjà mieux, plus logique, de se poser la question différemment et de discuter sur : << « le grand organisateur », a-t-il créé notre univers spécifiquement pour y accueillir une vie intelligente ? >>
Nous resterions toujours dans la métaphysique , tout en allant puiser des ressources scientifiques pour construire un schéma qui resterait interrogatif mais au moins serait enclin de logique.
Je reprends un passage du livre de Christian Magnan, astrophysicien chercheur au collège de France, dans son livre « Le Théorème du Jardin », magnifique livre sorti en 2011, où il dit :
– << Le réglage diaboliquement précis de l’univers, une pure escroquerie. L’affirmation selon laquelle la création aurait été investie de la mission de donner naissance à la vie a pris chez les cosmologistes le nom ronflant et savant de « principe anthropique ». Si le principe a fait florès auprès des personnes prêtes à y croire, IL N’A AUCUNE CONSISTANCE SCIENTIFIQUE. >>
En fait, après avoir lu ce livre, voire même en avançant dans la lecture, je m’interrogeais sur l’intérêt d’un tel livre dans cette collection.
Ceci dit la prose est agréable. On ne s’ennuie pas mais nous ne sommes plus dans le domaine de l’astrophysique, et si je voulais aller plus loin je dirais, que je pense que l’on gonfle la collection pour des raisons mercantiles.
Personnellement, je reste persuadé que notre propre existence ne joue aucun rôle. L’univers est comme il est et n’a pas été conçu pour abriter la vie intelligente ou pas.
Nous sommes présents depuis quelques temps seulement, au sein de notre univers bien mature de 13,8 milliards d’années. Que représentons nous? Et que représente dans cette immensité la planète Terre?
Pas grand chose.
Et quand nous aurons disparus le réglage fin de la constante cosmologique n’en sera pas pour autant affecté.
L’ontologie, science de l’être, n’a pas sa place dans cette collection. De plus, ce que l’on rencontre dans ce livre au XXI ième siècle, est la présence rédhibitoire des croyances religieuses qui sont toujours présentes chez certains chercheurs théoriciens.
Dans le dernier chapitre :
Le principe anthropique est il valide ?
L’auteur met en scène un échange entre deux remarquables astrophysiciens :
Léonard Susskind, inventeur de la théorie des cordes et Lee Smolin, défenseur de la
gravitation quantique à boucles.
Le premier soutenant le principe anthropique recevable et le second l’accusant d’être ascientifique, tous les deux s’appuyant sur les valeurs de la constante cosmologique pour arriver sur l’existence des multivers sans lesquels le principe anthropique serait une tautologie.
Le lecteur à mes yeux, à l’impression de suivre un discours idéologique dont la finalité recherchée est loin du souci d’exactitude. Comme partout, la nécessité de trier pour se faire un avis fiable est dans notre société toujours présente; et j’ai la profonde conviction que les choses ne vont pas dans le bon sens.
Tout cela n’est qu’un avis très personnel d’un bonhomme qui va très bientôt atteindre ses 85 ans.
Alléluia !!!!!!!!!!!!!